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4 mars 2011

Les entrepreneurs ne se contentent pas d'aimer le risque : ils acceptent l'incertitude !

Les capitaux  risqueurs  aiment le risque les entrepreneurs aiment l’incertitude…



A première lecture, vous pourriez dire que je joue sur les mots… Et bien non, il s’agit d’une nuance voire d’une différence FONDAMENTALE pour comprendre les entrepreneurs!

En effet, et toute personne sensibilisée aux probabilités vous le dira : l’'incertitude et le risque recouvrent tous deux la possibilité d’évènements dommageables dans une situation donnée (relativement à celle d'évènements plus favorables ressortant de la même situation) MAIS, le risque est mesurable alors que l’incertitude ne l’est pas !

Le présent billet essaiera donc de démontrer les implications de cette différence entre risque et incertitude pour un entrepreneur!


Définition de la notion de risque:


Quand on peut estimer de façon suffisamment précise la fréquence et l'étendue d’un évènement on peut parler de risque.

Autrement dit, on peut parler de risque lorsqu’on peut estimer la probabilité qu’un évènement dommageable survienne et son niveau de gravité.

En effet le risque est habituellement mesuré en même temps par :

  • la probabilité (fréquence attendue) d'une perte
  • et l'importance possible de cette perte (un montant monétaire lorsque de l'argent ou du patrimoine est en jeu).

Les probabilités sont généralement tirées de statistiques empiriques indiquant la distribution (fréquence) d'évènements passés ou liés à des règles fixes.

ex : Avant même de jouer au Loto, nous ne connaissons pas le résultat, mais nous connaissons la probabilité de gain liée au nombre de boules et au nombre de tirages. Le risque de gain est d’ailleurs si faible qu’il devrait nous dissuader de jouer…

Chaque individu normalement constitué a un degré plus ou moins fort d’aversion au risque.

Définition de l’incertitude


A l'inverse du risque, l'incertitude est un aléa non mesurable.

L'incertitude s'applique à des territoires nouveaux, des situations nouvelles, sur lesquelles les statistiques d'évènements similaires sont indisponibles ou non pertinentes.

Ex : Ici, il n’est pas question de tirage parmi une population connue, mais de choix dont les conséquences sont à venir. Par exemple, le résultat d’un match est incertain; ou encore, les conséquences d’une rencontre amoureuse…



L’entrepreneur innovateur est peu averse au risque, mais surtout il est peu averse à l’incertitude !


Les articles nous expliquant que "les entrepreneurs sont peu averses au risque, que ce soit sur des blogs ou dans le monde de la recherche, sont très nombreux. Mais,  je pense pour ma part que ce qui différencie vraiment l’entrepreneur du reste des hommes c’est son degré moindre d’aversion à l’incertitude!

Je m’explique, si dans certains cas la décision de créer, ou même de reprendre, une entreprise relève d’un choix où le risque est mesurable, je pense qu’il ne s’agit que d’une part infime des cas !

En effet, si vous racheter la pizzéria d’un de vos amis partant à la retraite, qu’il vous fourni le bilan des vingt dernières années, que la pizzeria est implantée dans une commune dont la population est relativement fixe, que l’ensemble de la zone de chalandise est verrouillée… alors peut-être pourrez vous sortir des probabilités fiables pour réaliser votre business plan!

Mais cela nécessitera encore un gros travail pour modéliser des facteurs variables comme le cours du blé impactant le prix de revient de la pâte, ou du lait celui le fromage,  etc.…

S’il s’agit d’ouvrir un nouvel établissement vous pourrez alors essayer de recourir à une étude de marché. Si celle-ci est bien faite, sur un échantillon suffisamment étendu et représentatif, là encore on peut considérer que vous obtiendrez des données “fiables”…

Vous pourrez alors décider d’entreprendre, ou non, selon le niveau de risque que vous aurez estimé (en le comparant au gain possible) et votre degré d’aversion à celui-ci… D’ailleurs tout investisseur sera bien heureux de vous rencontrez, y compris un banquier!

Mais malheureusement dans bien des cas, et plus votre projet sera innovant plus ce sera le cas : vous ne pourrez pas obtenir des données fiables pour établir des probabilités ! En effet, comment réaliser l’étude d’un marché qui n’existe pas encore? ^^

Oui, si vous êtes un entrepreneur innovateur vous devrez vous jetez dans le vide de l’aléa, sans le filet que sont les probabilités : vous devrez accepter d’affronter l’incertitude !

Entrepreneurs, vous êtes peu averses à l’incertitude : tout le monde ne l’est pas !


Oui, vous savez que vous n’avez pas toutes les informations nécessaires en votre possession pour estimer le risque que vous allez prendre en entreprenant… mais ce projet vous tiens à cœur et vous assumez cette incertitude...Cela signifie t-il qu’il faut foncer tête baissée?

Loin de là, comme je l’ai expliqué dans un article intitulé “startup faut-il faire une étude de marché?” .

Dans ces cas où les données chiffrées "fiables'" manquent, une certaine vision du futur est quand même nécessaire pour prendre des décisions. Il est alors nécessaire :

  • d'établir des scenarii, hypothèses, solutions alternatives...
  • en accompagnant chacun de ces cas de figure d'une probabilité subjective (appelée probabilité conditionnelle, ou probabilité bayésienne pour), voire en ayant recours à la logique floue .

D’ailleurs, quand vous rédigerez votre Business Plan, pour la partie financière vous aurez à imaginer différents scenarii du plus pessimiste au plus positif…

Cette façon de faire vous permettra d’envisager des solutions alternatives ou plan B, ou C avant que ne survienne une éventuelle situation de crise où vous auriez tellement la tête dans le guidon que vous auriez du mal à prendre de bonne décisions…

De plus, cette démarche vous permettra de rassurer de potentiels investisseurs.

Ne vous leurrez pas, vos potentiels investisseurs savent comme vous que votre business plan est faux (ce n’est qu’un prévisionnel) ! Mais : ce qu’ils regarderont c’est sur quelle base vous formulez vos hypothèses et ils estimeront ainsi si elles sont crédibles ou non.

Si par exemple vous  visez la vente de x abonnements premiums la premières années, il serait judicieux (pour ne pas dire indispensable) d’expliquer comment vous comptez vous y prendre et ce qui vous a amené à formuler cette hypothèse : stratégie commerciale prévue, force commerciale allouée à cette tâche, technique et argumentaire de vente envisagés…

Si vous faites bien ce travail alors vos investisseurs jugeront vos hypothèses crédibles : et donc comme des probabilités! Ils ne considèrerons plus être en situation d’incertitude mais bien de risque et pourront alors envisager sérieusement d’entrer dans votre capital s’ils jugent ce risque acceptable… 

Alors, je vous ai convaincu? Vous ne direz plus que les entrepreneurs sont moins averses au risque que la moyenne mais plutôt qu'ils sont moins averses à l'incertitude?


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