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4 sept. 2009

Radiohead des entrepreneurs modèles

Radiohead a tout compris à la stratégie! 

Je ne sais pas si c'est ma déformation professionnelle mais à chaque fois que je le lis un article sur eux, qui ne traite pas de leur musique à proprement parler, j'ai l'impression qu'ils se sont pleinement appropriés le concept de Business Model. 

1) Tout d'abord, ils imaginent des propositions de valeur nouvelles
Alors qu'habituellement les groupes travaillent longuement sur un album, sortent quelque temps avant un single un tiré de celui-ci pour préparer sa sortie Radiohead a décidé de casser cette "règle" en témoigne cette extrait du figaro :
Dans un entretien au magazine spécialisé américain The Believer, qu'il arrêterait de faire des albums.
À la place, Radiohead veut se concentrer sur la production de singles et maxis (chansons à l'unité) à télécharger.
«Aucun de nous ne veut recommencer ce cirque créatif qu'est un album. C'est devenu une véritable corvée», explique Thom Yorke. Il préfère privilégier des singles distribués uniquement en ligne, à l'instar de son dernier opus, Harry Patch (In Memory Of), et réfléchit à l'écriture de pièces symphonique. 

2) Radiohead rompt par la même avec la configuration classique du réseau de valeur musical
En effet, Radiohead se débarrassent d'un intermédiaire qui captent habituellement de la valeur : les maisons de disques! (mais aussi d'une partie des studios d'enregistrement puisque tout se passe en live)
Se faisant, le groupe récupèrent une partie importante de la valeur et peut se contenter d'un CA moindre.


3) Cela permet à Radiohead  d'innover également sur son modèle de revenu
Radiohead avait déjà défrayé la chronique en distribuant son dernier album en ligne et en laissant les internautes librement en fixer le prix. 

4) On assiste donc à une évolution des compétences stratégiques du groupes
Radiohead ne peut plus simplement se contenter d'être un bon groupe musical, ses membres doivent réussir à promouvoir leur musique, et pour le moment ils s'en tirent très bien non ^^

Mais ce n'est pas tout, le groupe sait également trancher quand aux demandes des fans. Alors que certains se plaignent de la qualité limitée des MP3 le guitariste a répondu :
"We had a few complaints that the MP3s of our last record weren't encoded at a high enough rate. Some even suggested we should have used FLACs, but if you even know what one of those is, and have strong opinions on them, you're already lost to the world of high fidelity and have probably spent far too much money on your speaker-stands."
Se faisant il applique la Loi de Pareto, aussi appelée loi des 80/20 qu veut que 80 % des effets est le produit de 20 % des causes 
Ici 80% des plaintes proviennent de 20% (ou moins) des fans et tenter de satisfaire tout le monde à tout prix
ne serait certainement pas rentable!

Qui a dit que les artistes étaient de doux rêveurs?




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1 commentaires:

Fanch a dit…

merci Romain pour cette digression ludique! je suis moi-même un énorme fan de Radiohead et j'ai récemment appris que la parution on-line de In Rainbows avec un prix fixé par les internautes avait généré beaucoup plus de marges qu'une diffusion classique...pourquoi?
- d'abord parce que ce système de diffusion directe évite de passer par des intermédiaires et donc diminue la dilution des marges.
- deuxièmement parce qu'il ne demande aucun effort de la part des acheteurs pour l'acquérir ce qui permet d'attirer un public non fan qui n'aurait pas fait l'effort de se déplacer pour acheter le CD.
- troisièmement parce que cette idée venue de nulle part a crée des polémiques et un énorme buzz
- quatrièmement, parce que cette démarche ressemble à Radiohead de par son indépendance et elle a pris tout le monde à contre-contre-pied, prolongement mercantile de leurs tendances artistiques.
- cinquièmement, parce qu'on aime qu'un groupe de rock (si on peut parler du rock pour Radiohead...) soit rebelle
- sixièmement, parce que le support internet numérique évite les risques financiers liés au transport et à l'industrialisation.

On pourra toujours dire qu'il est facile de faire ça quand on s'appelle Radiohead et qu'étant déjà énormément plébiscité et très riches alors où est le risque??? mais d'abord, pourquoi une bonne idée qui rapporte gros devrait-elle être forcément risquée??? Si c'était seulement une bonne idée? Ensuite, c'est une formidable preuve que l'industrie du disque est dépassée parce qu'elle n'a pas anticipé les changements d'usage et de technologie liée à la musique, trop occupée à produire du volume avec des artistes médiocres et formatés(réduisant ainsi le cycle de vie de bons albums générateurs de marge sur le long terme) et à préserver ses rentes. Est-il normal qu'un album comme Sergent Pepper des Beatles soit encore vendu 25€ alors qu'il a déjà rapporté des millions de dollars de marge???

Si on prend de la hauteur, ce coup de poker successfull nous enseigne qu'il est primordial de prendre régulièrement de la hauteur vis-à-vis des modèles économiques classiques à l'oeuvre aujourd'hui sur certains marchés et dont on sent bien qu'ils sont dépassés à bien égards parce que leurs acteurs ne pensent qu'à préserver leurs rentes de situation et à ériger des barrières à l'entrée pour de nouveaux concurrents... sans en créer de nouvelles sources de valeur.

Quand un système bloque l'innovation, il est condamné...Merci Monsieur Schumpeter!

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